MESSAGE DU PRÉSIDENT – Mai 2024
Avec un deuxième été consécutif où une incertitude risque encore de planer sur les chaînes d’approvisionnement, le gouvernement fédéral a soumis une question au Conseil canadien des relations industrielles (CCRI), retardant ainsi un potentiel arrêt de travail qui, autrement, aurait pu commencer le 22 mai.
La question est la suivante : « Quelle activité ferroviaire doit se poursuivre, le cas échéant, pendant une grève ou un lock-out chez les deux chemins de fer de classe 1 du Canada, soit le CN et le CPKC ? »
Les deux compagnies qui, ensemble, transportent des centaines de milliards de dollars de biens par année et environ la moitié des exportations canadiennes, sont en train de négocier de nouvelles conventions collectives avec leurs mécaniciens de locomotive, chefs de train et travailleurs des gares de triage. Avec les contrôleurs de la circulation ferroviaire du CPKC, cela représente au total environ 9 000 employés, partout au pays.
Les conséquences négatives d’une grève ou d’un lockout de cette ampleur seraient majeures.
Non seulement les deux chemins de fer de classe 1 du Canada seraient hors service, mais il y aurait également de graves répercussions sur le camionnage, le transbordement, l’entreposage et les opérations portuaires. Les chemins de fer d’intérêt local (le point central du bulletin de ce mois-ci et le sujet d’une excellente conférence tenue le mois dernier à Ottawa) seraient touchés. Des services de voyageurs seraient paralysés, notamment plusieurs des principaux chemins de fer de banlieue du Canada.
Les politiciens fédéraux – qui pilotent un projet de loi au Parlement visant à interdire le recours à des travailleurs de remplacement dans les lieux de travail sous réglementation fédérale – disent toutes les parties visées de ne pas s’attendre à une loi sur le retour au travail en cas de grève. Comme il l’a fait lors des grèves portuaires en Colombie-Britannique l’été dernier, le gouvernement mise « à fond » sur un accord négocié « à la table ». De plus, il est peu probable que les partis d’opposition viennent en aide au gouvernement, même si un projet de loi visant à mettre fin à un arrêt de travail ou à le prévenir a été présenté.
Ce qui semble très probable à ce stade est que les chaînes d’approvisionnement et l’économie seront mises à rude épreuve cet été. Le CN et le CPKC ont présenté plusieurs offres aux dirigeants syndicaux (de la Conférence ferroviaire Teamsters Canada), notamment – dans le cas du CPKC – une offre d’arbitrage exécutoire. Jusqu’à présent, chacune de ces offres a été rejetée.
Le recours au CCRI par le gouvernement non seulement retarde de quelques semaines ou de quelques mois l’action en justice jusqu’à ce que le CCRI rende une décision, mais, ce qui est peut-être plus important, il prolonge l’incertitude qui plane sur les chaînes d’approvisionnement, minant encore plus la réputation du Canada en tant que partenaire commercial fiable. L’enjeu est de taille.
Un autre arrêt de travail estival aurait des conséquences sur le transport de marchandises de l’ordre d’environ un milliard de dollars par jour, ce qui nuirait gravement à l’économie canadienne. Et les répercussions toucheraient les consommateurs partout au pays et les navetteurs des trois plus grandes villes du Canada, à un moment où le coût de la vie et l’abordabilité sont au cœur des préoccupations.
Il existe une meilleure façon de faire. L’ACFC continue à défendre des solutions qui donneraient plus d’outils au gouvernement, et non pas moins, pour gérer les conflits de travail de cette nature. Nous pensons toujours que le Cabinet devrait avoir des pouvoirs additionnels, quand toutes les tentatives d’arriver à un règlement négocié ont échoué, pour sortir de l’impasse sans avoir recours à une loi sur le retour au travail. Les arrêts de travail et leurs conséquences dévastatrices pourraient ainsi être évités.
Pour le moment, la véritable question est la suivante : quelle devra être l’ampleur des répercussions économiques et quelles devront être les difficultés pour les consommateurs et les navetteurs, pour que les responsables politiques et les décideurs fédéraux prennent conscience de la sagesse de ces propositions ?
Marc