Message du Président -Avril
Le budget fédéral a été une grande déception du point de vue de l’économie et de la réglementation du travail. Que s’est-il passé depuis le budget en ce qui concerne l’interconnexion réglementée étendue ?
Bien avant la présentation du budget, il y avait des rumeurs selon lesquelles la prolongation de l’interconnexion réglementée ferait partie du débat sur la politique publique. Et en fait, si on retourne à la création du Groupe de travail national sur la chaîne d’approvisionnement, nous avions entendu dire qu’il allait étudier cet enjeu. Mais quand nous avons rencontré les membres du Groupe de travail, cette question n’a jamais été soulevée. Il n’y a jamais vraiment eu de discussion. Et à notre grande surprise, quand le rapport a été remis au ministre à l’automne, l’une des recommandations était de prolonger l’interconnexion réglementée. Quand nous avons dit à Transports Canada que nous n’avions pas eu de discussions préalables avec les membres du Groupe de travail, le ministre et son personnel nous ont vivement assurés que rien ne serait fait sur la question de la prolongation de l’interconnexion sans d’autres discussions avec les chemins de fer. Vous pouvez donc imaginer notre surprise et, franchement, notre déception, quand cette mesure a été présentée dans le budget il y a quelques semaines. Nous sommes donc confrontés à un problème qui a des répercussions considérables non seulement pour les chemins de fer, mais pour les clients, puisqu’une mesure a été présentée, inscrite au budget sans aucune preuve, sans aucun fait, sans aucune indication de la nécessité de ce type d’intervention sur le marché. Nous sommes très inquiets et très déçus. Nous espérons que le processus d’évaluation permettra de supprimer du budget la prolongation de l’interconnexion réglementée.
Les arguments en faveur de la résurrection de l’interconnexion et de l’interdiction des travailleurs de remplacement en cas d’arrêt de travail semblent généralement anecdotiques. Quelle est votre approche et celle du ACFC ?
Pour être honnête, c’est ce qu’il y a de plus frustrant. Les faits ne soutiennent pas la prolongation de l’interconnexion réglementée. En fait, un projet pilote a échoué entre 2014 et 2017, et le gouvernement actuel s’en est rendu compte et a supprimé cette mesure en 2017. Mais il y revient. Nous devons donc tout faire pour rappeler à ce gouvernement qu’il n’y a aucune preuve, aucun fait, qui justifie le maintien dans le budget de la prolongation de l’interconnexion réglementée.
Lorsqu’il s’agit de discussions basées sur des faits, quels faits présentez-vous en matière de sécurité, de valeur et de fiabilité/résilience de la chaîne d’approvisionnement ?
Parlons de sécurité. Si l’on regarde le bilan de sécurité des chemins de fer canadiens, surtout celui de nos deux chemins de fer de classe 1, on voit qu’ils sont en première et deuxième place en termes de sécurité en Amérique du Nord. Tous les chemins de fer canadiens peuvent donc être fiers de leur bilan de sécurité. Et c’est directement dû au fait que les normes de sécurité et la culture de sécurité sont pleinement adoptées dans ce pays. Et nous devons maintenir cet excellent bilan de sécurité, jour après jour. En ce qui concerne la valeur, les tarifs marchandises canadiens sont déjà parmi les plus bas du monde. Cela a été prouvé par une étude indépendante réalisée par une tierce partie, CPCS, une firme de conseil internationale qui possède une vaste expérience du domaine des transports. L’étude a clairement démontré que les chemins de fer marchandises du Canada ont les tarifs les plus bas du monde, comparativement aux autres économies de marché, et que leurs tarifs sont inférieurs de 11 % à ceux des États-Unis. Quant à la fiabilité, si on regarde le bilan des chemins de fer, surtout pendant la pandémie, surtout pendant les événements climatiques extrêmes, les chemins de fer ont continué à fonctionner 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par année.
Nous faisons notre part. Nous faisons maintenant partie d’un réseau de chaînes d’approvisionnement, et il est important que chaque partenaire de la chaîne d’approvisionnement donne aussi le meilleur de lui-même. De plus, nous avons constaté dans une récente étude que les temps d’arrêt ont augmenté en flèche dans les ports et dans le secteur maritime. Les chemins de fer, quant à eux, ont maintenu leurs temps d’arrêt aux mêmes niveaux qu’avant la pandémie. Nous devons donc continuer à rappeler aux gens que nous faisons partie d’un réseau de chaînes d’approvisionnement auquel tout le monde doit contribuer. Il est certain que les chemins de fer ont un solide bilan en ce qui concerne le respect de leur part du marché, assurant qu’ils livrent les marchandises et qu’ils travaillent pour les Canadiens. Quant à notre bilan de sécurité de classe mondiale, je pense, une fois de plus, qu’on n’a vraiment pas besoin d’une intervention massive du gouvernement sur le marché. On n’a pas besoin d’instruments réglementaires sévères, et c’est une chose que nous allons attendre de la part du gouvernement fédéral. Transports Canada assure que la collaboration, et non pas la réglementation, fait avancer nos chaînes d’approvisionnement.
Lorsque vous parlez des chaînes d’approvisionnement, vous ne cessez de mettre l’accent sur l’aspect collaboratif. Pourquoi est-il important que tous les acteurs de la chaîne d’approvisionnement soient présents et aient un rôle à jouer ?
La collaboration. C’est vraiment essentiel. Et les chemins de fer font leur part. Vous savez, nous sommes des maillons solides et sains sur les chaînes d’approvisionnement, mais nous ne pouvons pas le faire seuls. Et c’est pourquoi nous devons travailler main dans la main, en coopération, non seulement avec nos partenaires des chaînes d’approvisionnement, mais avec notre gouvernement. Je pense que si chacun a un rôle à jouer et s’efforce de tirer le meilleur parti possible des accords commerciaux du Canada, nous pourrons renforcer notre compétitivité, notre prospérité économique, et assurer que les biens arrivent sur le marché de la manière la plus rentable, la plus sûre et la plus propre possible. C’est ce que les chemins de fer peuvent faire, et c’est ce qu’ils font pour les chaînes d’approvisionnement.
Tendances ferroviaires annuel, le rapport du CPCS, le document de la CTRF : chacun de ces documents contient des faits très importants. Ont-ils un impact ?
Les faits sont irréfutables, et les personnes concernées reconnaissent que la sécurité, la fiabilité et la valeur sont des points forts des chemins de fer. Cependant, si certaines personnes le savent, d’autres ne le comprennent toujours pas. Nous avons donc du travail à faire pour changer la façon de penser des décideurs politiques et des élus, pour qu’ils mettent de côté leurs considérations politiques étroites, pour le bien de l’économie et pour le bien du pays. Avec une mauvaise politique, les expéditeurs et les consommateurs vont payer plus cher, ce qui est mauvais pour tout le monde. Nous voulons assurer que les chemins de fer continuent à recevoir le soutien dont ils ont besoin de la part des décideurs du gouvernement. Ainsi, nous aurons une meilleure politique et pourrons obtenir de meilleurs résultats pour tous les Canadiens.